Cécile Bouron
L’atelier du Miel et de la Châtaigne
Florac, petite sous-préfecture de 2000 habitants, est connu des nombreux estivants pour la Source du Péché et le Château, siège du Parc National des Cévennes. Traversant dans toute la longueur, en logeant le vieux bourg, l’avenue Jean Monestier est bordée de la plupart des commerces, dont L’Atelier du Miel et de La Châtaigne.
Un retour au pays doublé d’une reconversion
Cécile et David se sont connus chez l’opérateur Orange où ils étaient cadres en Haute Savoie puis Lyon. A l’occasion d’une restructuration, Orange proposait un plan de départ volontaire avec un accompagnement. David, étant originaire de Lozère, rêvait d’un retour au pays et l’idée d’une reconversion avec un projet commun est née. Ils sont donc venus prospecter et sont ainsi rentrés en contact avec RELANCE (RElai Local d’ANimation des CEvennes) qui facilite les transmissions d’entreprises artisanales et les exploitations agricoles pour la Lozère et le Gard.
RELANCE leur a fait rencontrer un pâtissier qui vendait sa biscuiterie. Ce fut le coup de cœur. La situation et la visite de l’intérieur du magasin qui possédait un grand espace ont convaincu David et Cécile. Ils ont tout de suite vu les possibilités et imaginé les aménagements à apporter. C’était en juin 2008; Cécile était enceinte de Lilou qui naîtra en septembre ; il fallait conclure l’affaire et trouver un logement, ce qui n’est pas évident en saison touristique et redémarrer l’affaire. C’est là que les appuis locaux de la banque, du comptable, de la Chambre des Métiers ont été utiles pour démarrer d’un bon pied dans un métier tout nouveau, avec de bonnes perspectives de développement mais sans brûler les étapes.
Producteur Coeur Lozère
Laurent Augier • Vache48
L’Atelier du Miel et de La Châtaigne
Peut-être un signe : Cécile, née à Reims, avait un père pâtissier et ses parents s’étaient rencontrés dans une biscuiterie. Pourtant, c’est David qui va se révéler doué pour le métier, après avoir été formé par l’ancien propriétaire, à la suite d’un accord lors de la vente. Au départ, l’atelier de fabrication se trouvait à l’arrière de la boutique et les conditions de travail étaient assez déplorables. La fabrication a débuté avec les biscuits fabriqués précédemment puis Cécile et David ont développé leur propre gamme. Ils ont décidé de travailler deux des productions locales, le miel et la farine de châtaigne, justifiant ainsi pleinement le nom donné à leur boutique : L’Atelier du Miel et de La Châtaigne. Il a fallu beaucoup d’essais et de dégustations pour trouver la bonne recette des macarons ou des millefeuilles à la châtaigne, sans parler de la tarte à la châtaigne qui contribue grandement à la réputation de l’enseigne : « bonne à se damner » aux dires de certains clients. Peu à peu d’autres produits ,sucrés ou salés, sont venus progressivement garnir les étagères pour répondre aux demandes à l’année et en saison touristique. Plus récemment le nouvel atelier permet d’élargir encore la gamme avec des nougats, caramels, marrons glacés…et des fabrications de chocolat directement à partir des fèves. Tout est donc créé et fabriqué maison. Sur le comptoir, une affichette confirme : « Produits pas choisis sur catalogue et livrés surgelés par l’industrie » !
Dès le début, Cécile a utilisé son expérience antérieure du marketing pour rénover la façade et l’intérieur du magasin en utilisant le bois aux couleurs marron de la châtaigne et vert anis de sa bogue (enveloppe). La disposition des produits est soignée car « on mange d’abord avec les yeux ». Profitant de la place, des étagères accueillent des produits authentiques d’autres producteurs locaux qui viennent compléter l’offre.
Développement de l’entreprise et développement local
Vu l’âge et l’expérience de Cécile et David, cette reconversion était une démarche entrepreneuriale avec une volonté de développement de l’entreprise. Mais dès le début, leur volonté a été de s’inscrire dans le cadre du développement local, une façon aussi de s’intégrer plus vite. Pour les choix initiaux, les appuis locaux signalés (RELANCE,banque, comptable, Chambre des Métiers) ont été précieux et continuent à l’être. La production se développant, l’atelier initial est vite devenu obsolète et la question s’est posée d’aller s’installer ailleurs. La décision a été prise de garder le magasin en centre ville et de construire dans la zone artisanale un atelier spacieux et fonctionnel, avec le souci de la qualité de vie pour ceux qui y travaillent. C’est à une entreprise locale qu’a été confié ce chantier assez novateur par son système métallique. Pour le graphisme des étiquettes ou le site internet, c’est aussi à un prestataire local que Cécile et David ont fait appel. Cette démarche cohérente de développement dans le cadre local a amené Cécile à s’impliquer d’abord dans l’association des commerçants rebaptisée symboliquement « c’est ouvert » par opposition au « tout ferme » qu’on entend trop souvent. Puis dans l’équipe municipale, elle a pris en charge le commerce. Son sourire énergique est un remède contre la sinistrose et une incitation à croire au potentiel du commerce à Florac. Le meilleur exemple en est L’Atelier du Miel et de La Châtaigne qui emploie aujourd’hui 6 personnes avec Laeticia, Audrey, Benjamin le pâtissier et Manon l’apprentie qui ont rejoint Cécile et David pour satisfaire une clientèle qui s’est élargie.
A leur départ d’Orange, un des formateurs qui les accompagnait, s’interrogeait sur la capacité de deux cadres dynamiques à travailler en couple et, en plus, à la campagne. La réponse est donnée par L’Atelier du Miel et de la Châtaigne.
* Extrait du Livre « Des femmes & des hommes une histoire de passion » publié en 2015, en vente à Hyper U Coeur Lozère.